n°176 - 16 novembre 2000

Édito

Pourquoi le succès des réseaux est-il assuré ?

Les réseaux ont commencé très tôt, dès que la parole nous est venue, parce que nous sommes doués pour les cancans et les on-dit ; les voilà, les ancêtres des réseaux. Puis nous avons mis le langage par écrit, puis au téléphone et sur les ondes, au petit écran. Et enfin... Internet.

Pourquoi, alors qu'ils dématérialisent la vie et la réalité bien tangible, les réseaux ont-ils toujours tant de succès ? Peut-être parce qu'on voudrait vivre plus que ne le permet l'enceinte d'un seul corps, au-delà aussi, mais sans en éprouver les dangers ? Un enfant fait connaissance avec les contraintes physiques avant ses premiers pas. Il sait bien assez tôt éviter ce qui est désagréable ou douloureux ; on le voit bien vite refuser les tentations impossibles et s'en irriter d'ailleurs.
Grâce aux réseaux, nous compensons en vivant en quelques sortes par procuration. Nous en retirons un sentiment de "vécu" suffisant à travers l'expérience des autres, vraie ou fausse, réelle ou de fiction, peu importe. C'est quand même léger comparé à une vie vraie mais sans doute assez satisfaisant pour continuer l'expérience. Le virtuel ne nourrit pas vraiment, Tantale était chanceux qui connaissait son supplice... je plaisante. Quoi qu'il en soit, il nous faut renouveler constamment le menu, et comme l'entrée d'un repas appelle le plat suivant, on en redemande. Le succès des réseaux est assuré, ils nous divertissent et sont remplis de promesses.

C'est terrible comme ces deux ingrédients suffisent : le divertissement pour "passer" le présent, et les promesses pour attendre l'avenir.

SGBDx

Cela fait bien 10 ans que je n'ai pas travaillé sur des bases de données, sauf pour des fichiers rudimentaires dont le programme "Fiches" d'un micro de poche Psion se charge très bien. Ce qui justifie cet article, c'est que pour les besoins de mon boulot, j'ai lancé Access...

Premier constat : réaliser des tâches très simples est devenu compliqué. Ce que l'on demandait presque naturellement à un antique dBase, ou à Superbase pour rester dans un environnement graphique, requiert des tâtonnements et pas mal d'attention. On en ressort avec le sentiment qu'il faudrait un apprentissage, non plus aux SGBD mais à Access spécifiquement.

Deuxième constat : il est moins nécessaire d'avoir des notions de base de données, on peut agir sans comprendre exactement ce qui se passe au coeur de l'application. Mais, dangereuse contrepartie, on en perd aussi le contrôle. La profusion d'outils et de fonctions permettent des traitements plus évolués qu'autrefois, mais cette richesse et la confusion qu'elle implique risquent de mener à des impasses ; j'ai par exemple annulé plusieurs fois des séries d'actions pour repartir sur des bases saines.

Troisième constat : avec une machine ô combien plus puissante que son ancêtre d'il y a 10 ans, réaliser une même tâche m'a coûté plus de temps qu'autrefois.

Je précise tout de même que je n'ai pas le sentiment d'être aussi réfractaire et encroûté que mon ex-patron avec sa souris (n°174 - édito).

A l'inverse, des manipulations sur le Psion (Revo), limitées par les caractéristiques du micro de poche, paraissent presque agréables et sont en tout cas plus vite expédiées. C'est tout de même un comble que l'austérité devienne synonyme de confort...

Conclusion ?

http://www.malexism.org/marcbook/2000/1102.shtml - n°174.

BSA

La Business Software Alliance aime les sycophantes (les quoi ?)
En Angleterre, cette associations d'éditeurs, de sinistre mémoire, double la prime offerte aux délateurs ; 110000F si vous lui livrez les coordonnées d'une entreprise qui utilise des logiciels piratés. S'il s'agit de votre propre employeur, c'est pas grave, vous vous ferez sans doute virer mais vous gagnerez de quoi partir en vacances.
Quelques membres de la BSA : Microsoft, Apple, Symantec, Macromedia, Adobe, Autodesk, Corel... Lire la note à propos du Clusif qui dénonçait en 97 les pratiques illégales et la nature mercantile de l'association.

Voulez-vous des figues ? J'en ai un plein cageot.

http://www.malexism.org/marcbook/97/971113.shtml - 13.11.97 - Le Clusif contre la BSA.
http://www.bsa.org

Spyware, vie privée, etc.

J'avais indiqué l'adresse d'un "anonymizer" récemment, et j'ai souvent épinglé le manque de respect pour notre vie privée des éditeurs de logiciel et de services Internet. Le thème est très à la mode, avec le gouvernement américain qui semble avoir d'autres sujets de prédilection (jeu de mot), avec les Microsoft et RealNetwork, Doubleclick et Radiate Advertising qui raffolent d'informations collectées à notre insu, avec l'Europe qui s'interroge comme d'habitude, et avec le particulier qui se demande si c'est du lard ou du cochon.

Vous vous ferez vous-même votre opinion avec cette série d'urls intéressants (en français). Mais n'oubliez pas de passer dans votre dossier "Cookies", sous-répertoire de Windows obligeamment placé là par Microsoft, pour y faire un peu de ménage.

http://transfert.net/fr/cyber_societe/article.cfm?idx_rub=87&idx_art=2225 - un article de Transfert, en guise d'historique rapide.
http://www.anonymat.org - un site tout entier consacré au sujet, avec des dossiers sérieux et complets, à télécharger au format Acrobat PDF.
http://www.vnunet.fr/VNU2/svm/dossiers/cyberflicage.htm - un dossier proposé par VNUNet, qui survole la question. Vite lu.
http://www.minirezo.net/breve178.html - quelques papiers plus généraux chez uZine (un site à visiter et à lire, vraiment).
http://www.spychecker.com/ - un service en ligne simple : vous entrez le nom d'un logiciel, il vous répond s'il y a lieu de s'en méfier.

Hack Microsoft

Deux semaines après la fameuse attaque "russe" rapportée précédemment (n°174 - Microsoft piraté), Microsoft a subi deux autres visites importunes, toutes deux d'un certain Dimitri (ou Dmitri). A son premier passage, le hacker a laissé sur un serveur un fichier texte contenant simplement les mots "Hack the planet". Au second coup, voyant que Microsoft n'avait même pas remarqué la première blague, Dimitri a uploadé une page disant "Patching your system is very hard, huh?", puis il a envoyé l'url de cette page à ses copains et à des journalistes, avec des explications.

Dimitri démontre que la maintenance des systèmes Microsoft est trop complexe, ceci au détriment de la sécurité. Un coup je patche, un coup j'update, un coup je fixe, et ceci à condition d'être informé correctement des multiples rustines que l'éditeur diffuse. Et qui saurait le faire si Microsoft lui-même n'y parvient pas ?
Parce que, et c'est tout l'intérêt de l'affaire, le hacker a pénétré le réseau de Microsoft en utilisant des failles recensées du couple Windows/IIS, des failles qui connaissent leurs patches depuis août dernier mais que l'éditeur avait oublié d'appliquer !

Comme d'ordinaire, les réponses prudentes de Microsoft minimisent l'affaire tout en se contredisant : untel prétend que les serveurs hackés ne servaient qu'à router du trafic pour d'autres serveurs, et tel autre déclare que les machines attaquées n'étaient plus en usage... Il reste que le Dimitri affirme à IDG News Service avoir récupéré des fichiers cryptés contenant des noms et mots de passe d'utilisateurs Microsoft, qu'un "utilitaire" saurait rendre clairs.

On espérait plus de sérieux de la part de l'éditeur. En attendant, on étudiera soigneusement le nouveau service de Red Hat (n°171 - Red Hat Network & .NET) et on écoutera le Gartner Group lorsqu'il prétend, coïncidence, que Windows 2000 n'est pas assez sécurisé pour servir sur le réseau (serveur trop jeune et insuffisamment testé).

http://www.malexism.org/marcbook/2000/1102.shtml - n°174 - Microsoft piraté.
http://www.malexism.org/marcbook/2000/1012.shtml - n°171 - Red Hat Network & .NET.

Borland ex-Inprise

Borland s'était rebaptisé Inprise pour faire plus business, plus "Enterprise". Mais selon Technosphere (Quelm), Inprise redevient Borland à l'occasion de son virage ASP (Application Service Provider, la location en ligne d'applications), et parce qu'après tout, on n'abandonne pas un tel patronyme si respectable et chargé d'histoire.

Mais plutôt que de jouer avec l'eau bénite, si Borland s'attachait à tenir ses sites à jour ? Concernant Delphi, le dernier communiqué de presse date de janvier 2000 et les dernières news de cet été. Et, au 13 de ce mois, aucun des sites de l'éditeur n'annonce le retour à Borland, au point qu'on se demande si ce n'est pas un poisson de novembre de la part de Quelm qui signalait déjà l'info le 9. Pourtant, Borland raconte bien le rachat d'une entreprise spécialisée dans l'ASP.
Puisqu'on parle de Borland, JBuilder 4.0 pointe le bout de son nez en version gratuite, et surtout, Kylix est annoncé pour début 2001 ; Kylix, c'est le portage de Delphi sous Linux, UI Gnome et KDE.

http://www.technosphere.tm.fr/news_techno/technonews.cfm?id=2646

Quietload-cd.com

Téléchargement trop lents, interrompus, casse-pieds, etc. ? Donnez les urls au compte-gouttes à Quietload-cd.com, jusqu'à concurrence des 650Mo que permet un CD, et validez. Vous avez 10 jours pour remplir la galette qu'Easyfusion vous enverra par la poste. 129F.
Tout de suite, une question : peut-on coupler ce service avec, au hasard, Napster ? Easyfusion est en train de mettre au point un système de filtrage (une simple black list semble-t-il) qui lui permettra de refuser les demandes illicites et de chapitrer le client.

http://www.quietload-cd.com

Wavelet vidéo

Vianet Technologies a développé un codec vidéo qui met à contribution les wavelets (ou ondelettes en français) pour améliorer la compression et la qualité des images. Le résultat permettrait des transferts de qualité broadcast sur Internet malgré des débits faibles (jusqu'à 56KBps). La vidéo en streaming n'a pas encore décidé quel sera son standard et la guerre suit son cours entre Real Networks, Microsoft et Apple. Vianet ne prend pas parti mais fait le mercenaire, son codec est compatible Windows Media Player et Real Player.

http://www.vianet.com

TreePad2HTML

Si vous êtes un vieux lecteur, vous savez comme j'aime TreePad (j'en parlais déjà en septembre 97), un éditeur de notes en arborescence, tout simple mais très capable, limpide comme l'eau de source d'un jardin d'orient, léger comme le pétale d'une fleur de cerisier. C'est d'ailleurs avec Treepad que j'écris et classe mes notes pour le Marcbook.
Treepad sait exporter tout seul en HTML, mais soit l'arborescence et ses articles, soit un article isolé.

Un certain Paul Wright, indiqué par Freebyte, propose un service de conversion de fichier Treepad en html. TreePad2HTML reçoit le .hjt que vous uploadez et produit un fichier à télécharger, compressé en .tar (WinZip connaît) qui contient le résultat. Le web généré par ce service est une fenêtre à 2 frames, avec à gauche l'arborescence que l'on peut développer à chaque noeud, exactement comme dans l'application d'origine. Un clic sur un titre à gauche et son article s'affiche dans la frame de droite.

Chapeau ! D'autant plus que c'est toujours aussi simple et toujours gratuit. Le même service sait aussi créer des aides Windows au format HTML compilé (.chm), toujours avec la même allure.

http://nodogsnodenim.com/Treepad2HTML/
http://www.malexism.org/marcbook/98/980403.shtml - HJ-TreePad 2.1 (mis à jour depuis, v2.6.9c actuellement).
http://www.treepad.com/

Groove

Groove est un ensemble d'applications sécurisées de collaboration peer-to-peer. Les outils offerts concernent tous le partage d'informations et ne nécessitent pas de serveur.

Installation simple via InstallShield. Aucun paramétrage n'est proposé hormis le choix du dossier cible. Redémarrage... les icônes du bureau sont longues à réapparaître. Au résultat, un peu plus de 30Mo sont mangés sur le disque avec presque 60 dossiers et plus de 700 fichiers ! Par contre, Groove ne se substitue absolument pas au bureau de Windows comme le prétend Décision Micro. Il se contente d'une icône dans le menu "Programmes" et d'une autre sur le bureau ; on n'était plus habitué à tant de discrétion, mais cette version n'est qu'une preview.
Un répertoire "Readme" propose quelques pages d'introduction qu'on peut lire avant l'exécution.

Au lancement, l'application mouline longtemps sans mot dire. Puis apparaît (au premier clic) un dialogue de création de compte : identifiant et "phrase de passe". Ce compte peut être complété ensuite avec adresses, e-mail, tél., etc., et importé / exporté au format vCard. L'interface est en Web dynamique, avec des boutons de navigation en haut, une marge gauche affichant les correspondants, les infos et les outils au milieu, et des instructions à droite. Pas de menus généraux. Joli design sans excès, avec des bulles d'aide pour chaque objet, skinable comme il se doit, et bien lourd tout de même ; mon vieux Celeron 333, 64Mo ne cesse de swaper à la moindre action... et moi d'attendre. On regrette déjà que Groove n'ait pas été développé en exécutable Windows.
Une icône se colle dans la barre des tâches, c'est un "serveur" proposant quelques fonctions de veille en ligne et hors ligne, pendant que l'application principale est fermée.

Groove est composé d'espaces partagés. On dispose d'un ensemble d'outils dans lesquels on pioche pour créer ces espaces, tels qu'un Sketchpad et un Notepad, le premier pour gribouiller à plusieurs, le second pour écrire, un browser Web (intégration d'IE 4+) pour naviguer, toujours à plusieurs ou tout seul, ou encore une "File collection" pour partager des fichiers. Le tout est chapeauté par l'IRC et les conversations vocales. La liste des membres s'affiche en marge gauche et comprend un bouton pour lancer des invitations sur le réseau. Chacun peut créer des espaces partagés, y inviter des membres et y proposer les outils qu'il désire, supprimer le sketchpad s'il ne l'intéresse pas, ajouter un calendrier, un album photos, un forum de discussions, des jeux... En bas de l'espace partagé, une rangée d'onglets permet de sauter d'un outil à l'autre.
La liste n'est pas close, un bouton permet d'aller chercher sur le site de Groove d'autres modèles d'outils (mais la liste est encore très sommaire).

Brève description des outils disponibles par défaut :

• Conversation
L'IRC et la voix sont disponibles dans l'interface générale de Groove. Ils sont donc disponibles en même temps que les autres outils, qui eux sont sélectionnés un à un dans l'espace partagé. Un bouton qu'il faut presser avant de parler, à la manière des radio-amateurs est accompagné d'un autre bouton qui fait office de caps lock. Dessous, le réglage du volume puis un accès au panneau de contrôle audio de Windows, et on a fait le tour de l'outil de communication vocale. Le Chat s'active par un bouton en marge gauche. Ce bouton ouvre deux champs, l'un de saisie dans lequel on dispose des mêmes mises en formes de texte que pour Notepad (voir plus bas), l'autre de lecture des dialogues sous la forme d'une liste. Pas d'options avancées genre chat privé ou tri des messages.

• Calendar
Rudimentaire voire simpliste, le calendrier peut s'afficher par jour, par semaine et par mois, ainsi que par semaine et mois travaillés (compression des samedis et dimanches). Une icône permet de saisir une entrée, avec sujet et descriptif, et sa durée (date de début et de fin), plus une unique option "all day event" qui couvre toute la journée. Défaut : double-cliquer sur une heure précise créé bien une nouvelle entrée, mais toujours de 9 à 10h, sans tenir compte de l'endroit cliqué. Il n'existe pas d'alarme ni de moyen de saisir une entrée récurrente sauf à la répéter n fois. Pas de possibilité de synchroniser un calendrier Groove avec d'autres outils.

• Contacts
Cet outil liste les correspondants de l'utilisateur, présente la fiche des contacts cliqué dans la liste sous la forme d'une carte de visite, et propose des boutons d'invitation, d'envoi de message instantané et d'ouverture d'espaces partagés propres aux contacts sélectionnés. Il existe deux types de contacts, ceux créés individuellement ou récupérés, et ceux issus de l'annuaire Groove.

• Discussion
Toujours très simple, un forum présente deux panneaux. En haut, la liste des messages avec auteurs, sujets et dates, les réponses indentées et un petit symbole "+" ou "-" pour développer ou réduire les fils. Les tris selon les en-têtes ne fonctionnent pas. En bas, le texte du message sélectionné dans la liste.

• Files
Une bibliothèque de fichiers qui s'utilise exactement comme l'explorateur de Windows (sans l'arborescence), avec les vues en icônes ou en détail, la création de sous-dossiers, le glisser-déposer, le double-clic pour ouvrir un document, un menu contextuel, etc.

• Notepad
Un éditeur de texte à cheval entre son homonyme sous Windows et Wordpad. Il permet quelques fioritures ponctuelles, choix de polices, attributs et couleurs, mais aucune mise en forme de paragraphe du type justification ou puces. Il sait reconnaître et rendre cliquables les urls. On aurait aimé un moyen quelconque de distinguer les apports des auteurs.

• Outliner
Une liste permettant de saisir rapidement des notes, avec mention des auteurs et des dates. Il est possible de les hiérarchiser comme dans le mode plan d'un traitement de texte.

• Pictures
Une bibliothèque d'images, jpeg ou bmp, glissées, collées ou importées depuis le bureau.

• Sketchpad
Le tableau blanc minimaliste de Groove, avec les outils de dessin à main levée, ligne, rectangle, ellipse, et les attributs idoines, mais pas de texte, pas de sélection d'objets, pas même une gomme (mais vous pouvez toujours dessiner en blanc), et toujours pas de distinction d'auteur.

• Web browser
On l'a dit, Groove exploite Internet Explorer, débarrassé de toutes ses fonctions évoluées. Il y ajoute ses propres favoris qui ne supportent pas la comparaison avec ceux de IE, et c'est un peu bête parce qu'il faudrait gérer deux collections ? Pourquoi ne pas avoir franchement intégré IE au complet, ses favoris, mais aussi son historique et son cache ?

• Jeux
Un échiquier et un tic-tac-toe, en guise de démo. Le jeux d'échecs ne connaît pas les règles, il fonctionne comme un jeux de bois et permet tous les mouvements mêmes interdits, à vous de rester correct. Le tic-tac-toe, un morpion encore plus simple que le morpion, sait par contre repérer les alignements de 3 croix ou 3 ronds pour désigner le gagnant. Super !

Ces outils sont tous d'une utilisation intuitive tellement ils sont simples. On atteindra vite leurs limites (on voudrait par exemple créer des liens entre les outils d'un même espace partagé : impossible. On voudrait lancer une recherche dans un espace... Quid ?). Hormis le concept "sans serveur", l'intérêt de Groove sera donc dans les outils à venir. L'application est ouverte et encourage les développements en fournissant un Groove Development Kit pour C++ et Visual Basic. Les technologies utilisables sont nombreuses, XML, Java, JavaScript, Visual Basic et autres langages de plus bas niveau, le tout architecturé autour de Component Object Model (COM) de Microsoft. Un des outils disponibles sur le site de Groove met par exemple en oeuvre Flash.
Mais cette interface Web, qu'elle est lourde ! Bien sûr, Web, XML & Cie. sont de mode, mais Groove ne profite actuellement d'aucune portabilité puisque seules les versions Windows sont disponibles (une mouture Linux "serait" en chantier ; une version Mac aussi selon la presse, mais le site n'en parle pas). Et quitte à être lent, Java n'aurait-il pas été un meilleur choix ? Les chats de Wanadoo et de Yahoo, écrits en Java, sont tout à fait utilisables.

Les données, archives des espaces partagés, sont stockées en local dans une base XML située sur le disque où Groove est installé, dans les sous-répertoires "Data / accounts" ; allez voir, c'est pire que de l'hébreu ! Et prévoyez d'installer l'application sur un disque conséquent, je n'ai pas trouvé le moyen de migrer les archives sur un autre disque.

Côté communications, les données sont systématiquement sécurisées. Elles transitent en SSTP (Simple Symmetrical Transmission Protocol), un protocole bi-directionnel optimisé pour le peer-to-peer, tandis que le http est plutôt client-serveur. Cela permet aussi de passer à travers les firewalls. Les informations sont empaquetées en XML RPC (Remote Procedure Call).
Ici, le lecteur se pose peut-être la question (et l'auteur avec lui :-) de savoir comment des connexions "pair à pair", sans serveur, peuvent être réalisées si au moins deux membres ne sont pas en ligne en même temps. Il faut fouiller sur le site de Groove avant de comprendre qu'il existe des "relay services", une manière pudique de baptiser des serveurs. Chez Groove, on dit que ce sont des routeurs munis de disques, qui ne sont utilisés que lorsque le peer-to-peer est vraiment impossible. Soit ; mais il n'est pas possible de créer ou de faire héberger son propre relay service. Quoique... des postes Groove sur une LS, chacun membre des espaces partagés que l'on voudra, pourraient-ils faire office de serveur ?

Accéder à un espace partagé est possible uniquement si on y a été invité par un pair. Une invitation peut être envoyée par e-mail et via le dialogue "Instant Groove", mais aussi sauvegardée dans un fichier que l'on peut transmettre par le moyen de son choix, même sur une disquette s'il le faut. Mais Groove Networks propose aussi un "lieu de rencontres", un serveur annuaire en quelque sorte, exactement comme Microsoft avec NetMeeting ou Mirabilis avec ICQ (vous pourrez m'y trouver parmi une quinzaine de Français).

L'aide est abondante, en anglais et en html très évolué (RoboHELP), avec table des matières, index et recherche par mot-clés. Par contre, des composants manquent et le navigateur veut sans cesse partir à leur recherche sur le site de Groove, ce qui est très crispant quand on est hors connexion.

Quelques défauts avant de conclure : la modification d'un document stocké dans l'outil "Files" est perdue si on change d'outil en cours de route sans sauvegarder auparavant. Les performances de l'outil "Files" se dégradent vite lorsque la liste des documents stockés grandit ou lorsque de gros documents sont ajoutés. Le partage des ressources n'est pas très efficace : l'ajout d'images ou de fichiers dans un espace partagé perturbe la réception audio et fige la mise à jour de la liste des membres présents. Ce ne sont là que trois cas à titre d'exemple, mais ils montrent combien une application aussi ambitieuse peut révéler des défauts de jeunesse et demandera du temps avant d'être rôdée.
Par contre, Groove est très fiable ; il n'a pas planté une seule fois pendant mes tests ni perturbé Windows ou d'autres applications, et, s'il dévore la mémoire comme un Gargantua ses repas, il n'est pas si gourmand en CPU.

Conclusion : Groove est prometteur, autant que Lotus Notes à ses débuts. Mais si Notes, jeune, donnait déjà l'impression d'être un dinosaure, Groove séduit grâce à son concept d'outils modulaires et ouverts. De ce côté, on imagine que tout est possible. Pour ce qui est du peer-to-peer, on évitera dorénavant de traduire par "réseau du pauvre" parce que la configuration PC requise ainsi que les capacités de la connexion IP sont plutôt celles de portefeuilles confortables. Et puis, on n'a toujours aucune idée du modèle de vente et du prix. Au moins sait-on que le GDK est gratuit.
Groove ne se distingue pas en offrant des outils novateurs. Tout ce qu'il fait existe déjà en mieux, tantôt chez Microsoft, tantôt chez Lotus ou AOL ou ailleurs. Mais avec Groove, la mise en oeuvre reste à la portée de tous. L'originalité du produit serait alors le P2P ? Mais les entreprises, conservatrices, vont-elles abandonner le modèle centralisé pour celui-ci ? Et, songeant à son usage en Intranet, je me demande comment protéger les données ou contrôler la validité des informations partagées. Je suis étonné qu'aucun outil fourni par Groove ne permette de définir des niveaux de protection ou des niveaux d'accès aux données. On peut bien sûr postuler que tout le monde est responsable et bien intentionné, mais...
Et au-delà d'un Intranet, les moyens de connexion et les infrastructures réseau sont aujourd'hui sans doute trop faibles pour supporter les échanges volumineux que requiert le temps-réel. Il reste que Groove peut être utilisé de manière "bridée" en temps-réel et exploité plutôt en différé. Son avantage par rapport aux concurrents serait alors le fait de rassembler en une seule interface tous ces outils, de savoir les partager automatiquement, et surtout de faire l'économie de serveurs et de leur maintenance.

Le formulaire est léger mais le fichier à télécharger est gros. Prewiew release 1.0 build 739 datée du 19.10.2000, gratuite, pour Windows 95 + osr2/98/ME/NT4 + sp3/2K, avec Internet Explorer 4 ou ultérieur et DirectX 3 ou plus.

http://www.groove.net/ - présentation, démos, tutorial, FAQ, etc.
http://www.groovenetworks.com/about/press/detail.gtml?PRESSRELEASEID=14 - le communiqué de presse.
http://www.groove.net/downloads/groove/ - le téléchargement.11,1Mo.

MobiPocket Publisher 2.0

Ayant dénigré, condamné, conspué, jeté et enfin oublié le format e-book Reader de Microsoft (n°173 - .lit ? Poubelle !), il fallait bien chercher une autre solution.

MobiPocket semble un choix très intéressant pour plusieurs raisons. Primo, les logiciels sont gratuits, aussi bien pour la publication de titres que pour la lecture, et sur diverses plate-formes pour cette dernière : Palm, Psion, Pocket PC. Deuzio, MobiPocket s'appuie sur les spécifications Open eBook. Tertio, ses capacités sont plus étendues que celles du format Microsoft (structure, mise en forme, images).

Commençons par présenter Open eBook. Les spécifications OEB ont été créées pour offrir un dénominateur commun à la publication électronique de livres en terme de structure et de mise en forme, d'accessibilité et de portabilité. Et devinez sur quoi se bases ces spec. ? XML. Partant d'OEB, les éditeurs peuvent ajouter leurs extensions, comme une compression, du cryptage ou des systèmes de gestion de droits.
Sous sa forme OEB, un livre comprend :
• les objets qui constituent le contenu du livre : textes, images, feuilles de styles, etc.
• un document ".opf" chapeautant le tout, en XML (texte MIME, donc lisible directement).
Cet opf, qui ressemble à un source html, liste les méta données (titre, auteur, éditeur, sujet, dates, etc.), le "manifeste" (liste des objets que comprend le livre), le "spine" (liste ordonnant les objets du livre dans le sens de la lecture), des "tours" (autant de parcours possibles du livre, en détail, survol, etc.), et un "guide" (pointant sur des objets de structure du livre, par exemple table des matière, biographie, index, etc.)

Ne craignez rien, MobiPocket Publisher présente cela de façon plus sympathique ; vous n'aurez pas besoin de manipuler du XML. L'application vous guidera depuis l'importation des documents sources, à travers la structuration de ces données, et jusqu'à la création du fichier e-book final.

Notons en passant, que le format cible, le XDOC PRC, est piqué à PalmOS ; c'est en fait le format standard utilisé sur Pilot. MobiPocket n'a pas cherché à faire cavalier seul (à l'inverse de Microsoft) et le XDoc Prc convient parfaitement puisqu'il est compressé (50% environ), peut être crypté et peut grimper jusqu'à 10Mo. Aux deux bouts de la chaîne, les formats sont donc connus et relativement standards.

L'interface de Publisher est une petite fenêtre à 5 onglets, avec une barre de menus et une barre d'icônes. On retrouve dans cette interface les éléments que j'ai décrit à propos des specs Open eBook, manifest, spine, etc., mais on peut les ignorer encore car deux assistants font tout le travail si l'on veut.
Un assistant d'import permet de choisir le fichier d'entrée, texte ou html, et pose les questions qui lui permettront de renseigner le .opf. Les fonctions sont assez puissantes : suppression des CR/LF de textes bruts mis en forme, suppression des césures, repérage des chapitres, création de la table des matières... Le deuxième assistant est similaire mais suit un chemin parallèle. Il propose de créer un package OEB (renseignement du .opf puis importation des objets associés). Si l'entrée est un fichier html comprenant des images, celles-ci seront ajoutées automatiquement.
Publisher se débrouille assez bien pour nettoyer les balise html trop complexes pour l'OEB, mais je vous conseille de préparer tout de même vos pages spécialement pour lui, avec le tout, html et images, dans un même répertoire. Seules les images gif sont supportées actuellement, les jpeg et png sont ignorées.

Le logiciel est tout de même bridé, soit parce qu'encore jeune soit parce que gratuit : on ne peut pas sélectionner un ensemble de fichiers d'un coup, ou tout un site Web (ce qui est prévu, mais "grisé") ; mais un bouquin se présente en général en un seul fichier. L'assistant de publication "grise" aussi les trois niveaux de cryptage (contenu, contenu + mot de passe, contenu + ID unique) ainsi que la publication au format WAP. Enfin, on peut ajouter une couverture au bouquin, avec une image, ce que ne permettent pas les deux logiciels gratuits pour Microsoft Reader (Overdrive et l'add-on Word, voir n°167 - Ms Reader, Clear-Type & add-in Word 2000, et n°168 - .Lit).

La documentation est en html et en français. Deux exemples sont fournis avec l'application, un Jack London et un "livre de test" qui emploie tous les éléments et attributs html autorisés (dont certains ne sont pas encore supportés par le reader MobiPocket tels que les tableaux). Une version du Reader pour Windows 9x/NT est promise, intéressante pour tester les ebooks si l'on ne possède pas d'ardoise électronique. Version 2.0 (build 3107) datée du 26 juin 2000. Gratuit, pour Windows 9x/NT/2K.

http://www.mobipocket.com/fr/HomePage/default.asp - le site en français, avec des titres gratuits.
http://www.mobipocket.com/soft/MobipocketPublisher_FR.exe - le Publisher,1,6Mo.
http://www.mobipocket.com/soft/MobipocketReader_PalmOs_FR.exe - le reader Palm, 1,5Mo.
http://www.mobipocket.com/soft/MobipocketReader_CE_FR.exe - le reader WinCE 2.x, 2Mo.
http://www.mobipocket.com/soft/MobipocketReader_PocketPC_FR.exe - le reader Pocket PC, 1,8Mo.
http://www.mobipocket.com/soft/MobipocketReader_Psion_FR.exe - le reader Psion, 1,5Mo.
http://www.openebook.org/
http://www.malexism.org/marcbook/2000/0815.shtml - n°167 - Ms Reader, Clear-Type & add-in Word 2000.
http://www.malexism.org/marcbook/2000/0901.shtml - n°168 - .Lit.
http://www.malexism.org/marcbook/2000/1026.shtml - n°173 - .lit ? Poubelle !

En bref : Netscape 6 - Sony PS2 - Monopoly, Business Loto - Oracle sur Mac - Transmeta - 180Go - CorelDraw 10

• La durée de gestation chez les souris est d'environ 15 jours, 11 ou 12 mois pour les éléphants, 2 ans et demi chez Netscape. La version 6.0 de son browser est enfin là pour Windows (les autres suivent). Espérons qu'ils n'ont pas accouché d'une souris ; j'attends avec impatience les avis des experts quant au support des normes W3C avant de télécharger le gros paquet.

• Les machines de jeu vidéo sont plus taxées à l'importation que les micro-ordinateurs (+2,2%). Pour tenter de passer la frontière à moindre frais et augmenter ses marges, Sony maquille la PlayStation 2 en micro et dote sa console d'un langage basique. YaBasic, pour "Yet Another Basic" sera enfoui quelque part dans le CD-Rom de démo qui accompagne la PS2, et on pourra brancher un clavier USB pour saisir le code. C'est tiré par les cheveux, on verra si les douaniers ferment les yeux.

• Si Hasbro a repeint son vieux Monopoly aux couleurs ".com", Stéphane L.S. signale bien mieux : un loto façon Business mais tout à fait iconoclaste.
http://www.pingouin.usenet-fr.net/loto.jpg
http://www.monopoly.com/dotcom/dotcom.html

• Tiens ?! Oracle s'intéresse au monde Apple. On imagine les forts en gueule Larry Ellison et Steve Jobs déguisés en partenaires. Mais c'est vrai que le patron d'Oracle est au conseil d'administration d'Apple. Tous les deux offrent ensemble une "e-Business Suite" assurant la gestion des stocks en ligne, en Java dans un navigateur Web. Les cibles sont l'éducation et les petites entreprises.
http://www.oracle.com/applications/

• Malgré les rumeurs qui font douter de son processeur, Transmeta a réussi brillamment son entrée en bourse et a vu le cours de ses actions doubler dès le premier jour. La maison Crusoe pèse maintenant 6 milliards de $.

• IBM est traditionnellement le détenteur de tous les records en matière de disque dur, capacités, miniaturisation. Seagate vient de lui souffler la place avec l'annonce d'un disque dur de 180Go tandis qu'IBM reste à 75Go.

• CorelDraw 10, qu'on décrivait ici début septembre vient d'être officiellement lancé au Comdex Fall de Las Vegas en trois langues dont le français. Pour les nouveautés, RAVE, etc., voir notre n°168.
http://www.corel.ca/
http://www.malexism.org/marcbook/2000/0901.shtml

La photo de la semaine : http://www.malexism.org/photos/bois_en_mer.html

"Et mon jardin est trop étroit pour élever le melon." Mariko

P.S. je ferai sans doute relâche la semaine prochaine, ou alors très court (qui a dit "ouf" ?) Rendez-vous donc le 1er décembre.

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Réalisation, information, tests et rédaction : Marc-Alexis Morelle.